Se protéger contre les perturbateurs endocriniens

Que sont les perturbateurs endocriniens ? Quels peuvent être leurs effets ? Qui est exposé ? Comment s’en protéger ? Légitimes face au doute, ces questions s’avèrent nécessaires eu égard à la menace. Mais les réponses existent et doivent être connues. Derrière la Ville qui montre l’exemple, chacune et chacun peut agir à son niveau.

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On nous dit qu’ils sont partout, invisibles, nombreux et variés, et qu’ils peuvent avoir des effets nocifs sur notre santé et celle de nos enfants. Dans les discours où ils se font de plus en plus présents, les perturbateurs endocriniens font figure d’envahisseurs aussi redoutables qu’insaisissables.

Or, s’il est indéniable qu’ils constituent une menace, on aurait tort de penser qu’il s’agit d’une fatalité.

Car il existe bien des manières – parfois élémentaires – de s’en prémunir, à titre individuel autant que collectif.

Que sont les perturbateurs endocriniens et quels sont leurs effets ?

La première étape, pour cela, est de bien comprendre ce dont il s’agit. Pour faire simple, un perturbateur endocrinien est une molécule capable d’imiter une hormone ou d’empêcher son action et/ou son transport.

Une fois dans notre corps, il peut envoyer de mauvaises informations et provoquer des déséquilibres physiologiques.

En outre, contrairement aux autres toxiques, les doses les plus faibles peuvent induire des effets nocifs. Leur être régulièrement exposé est susceptible d’entraîner des dérèglements et donc des pathologies plus ou moins graves telles que des troubles de la croissance, du langage et de la puberté, mais aussi des maladies chroniques, comme le diabète, ou encore une infertilité. Une augmentation de certains types de cancers a également été observée.

Si tout le monde est concerné, certaines personnes sont plus vulnérables, à l’image des aspirants parents, de l’enfant dès ses 1 000 premiers jours (dès la fécondation), des adolescents (la puberté est une période sensible) et des femmes ménopausées.

Où les trouve-t-on ?

Pour autant, il est important que chacune et chacun se protège et, à ce titre, soit en mesure d’identifier les potentielles sources de contamination.

La première est de loin l’alimentation, à hauteur de 80 %. Les produits alimentaires transformés les moins chers sont les plus contaminés, explique Pascal Vaudin, maître de conférence à l’Université de Tours et chercheur à l’Inserm. Les personnes les plus précaires sont donc les plus touchées.

Mais on trouve également des perturbateurs endocriniens dans l’eau, les objets en plastique, l’air extérieur et celui de nos intérieurs, via plusieurs grandes familles d’éléments : les pesticides, les métaux, les produits cosmétiques et divers composés chimiques.

À son échelle, la Région Centre–Val-de-Loire a identifié 39 substances prioritaires comme principaux perturbateurs endocriniens, et lancé une campagne d’information afin de sensibiliser les particuliers et les collectivités aux bonnes pratiques permettant de s’en protéger, parmi lesquelles, au premier titre, le fait d’opter pour des aliments et produits bio.

L’enjeu est également de former les professionnels de santé : tout le monde a confiance en son médecin ou sa sage-femme, complète Pascal Vaudin. En région Centre, un diplôme inter-universitaire est en cours d’élaboration. (voir le site web de la Région dans l’encadré « En pratique »)

La Ville en action

Consciente des enjeux, la Ville a mis en œuvre diverses mesures pour protéger les habitantes et habitants, à commencer par les plus jeunes. La reprise en direct de la restauration scolaire, au 1er janvier 2024, répond notamment à une volonté d’accroître la part du bio dans les repas, d’ores-et-déjà passée de 29 % à 50 % (et avec l’objectif ambitieux de tendre vers 100 % des approvisionnements bio et/ou locaux à l’horizon 2030).

Par ailleurs, le multi-accueil « Tom Pouce » a été retenu pour bénéficier d’un accompagnement consistant à faire évoluer les pratiques face à l’exposition aux polluants environnementaux. Le programme prévoit un diagnostic de l’établissement, puis l’élaboration d'un plan d'action ainsi qu’une campagne de sensibilisation des personnels et des familles. L’objectif, à terme, est de déployer la démarche dans les autres structures petite enfance de la Ville.

En outre, depuis plusieurs années, les équipes d’entretien des écoles, des crèches, mais aussi des bureaux et autres locaux municipaux n’utilisent plus que des produits bio ou verts, voire uniquement de l’eau combinée à certaines microfibres.

De son côté, le service des espaces publics a de longue date stoppé l’usage des pesticides, susceptibles d’entraîner directement des maladies, mais aussi une dégradation de la qualité de l’eau. Cette dernière, on le sait, peut être vectrice de perturbateurs endocriniens. Aussi, la direction du cycle de l’eau d’Agglopolys a engagé la surveillance des micropolluants en entrée et sortie des stations d’épuration et lancé une étude de diagnostic vers l’amont pour comprendre d’où viennent ces molécules et travailler sur la protection des zones de captage en eau potable.

Le projet alimentaire territorial vise à faciliter les conversions en agriculture biologique en particulier sur ces zones et promouvoir les débouchés locaux dans la commande publique. Dans le cadre du plan Climat Air Energie, la Ville et Agglopolys prévoient aussi d’améliorer la surveillance de l’air en accroissant la liste des polluants suivis et notamment des résidus de produits phytosanitaires.

De par son action volontariste, par ailleurs amenée à se développer, la Ville entend répondre à un devoir de protection, mais aussi d’exemplarité. L’effort devant être commun, l’objectif est également de sensibiliser chacune et chacun à agir à son niveau. Ensemble, repoussons les perturbateurs !

Infographies : les perturbateurs endocriniens et votre logement

Infographie « Quelques perturbateurs endocriniens dans ma cuisine ».

Un couple cuisine à côté d’un bébé sur une chaise haute. Différentes choses sont représentées dans 3 catégories.

  1. Garanties sans perturbateurs endocriniens :
    • produits frais bio (dans le frigo),
    • ustensiles en inox, bois ou métal,
    • vaisselle (non plastique) ;
  2. présence potentielle de perturbateurs endocriniens :
    • boîtes en aluminium (conserves dans le frigo),
    • gros poissons (dans une poêle),
    • micro-ondes,
    • vaisselle en plastique ;
  3. présence de perturbateurs endocriniens :
    • aliments conditionnés dans du plastique,
    • plat industriel transformé,
    • poêle anti-adhésive,
    • réchauffer des aliments dans des récipients en plastique,
    • biberon en plastique,
    • bouteille en plastiques,
    • nappe anti-tâches,
    • produits d’entretien chimiques.

Nos conseils :

  • privilégiez des aliments frais bio et certifiés, aux aliments transformés et plats industriels ;
  • concernant les fruits et légumes non bio, pensez à bien les laver et les éplucher avant consommation ;
  • côté viande, préférez le label AB (Ecocert) et la consommation des petits poissons aux gros ;
  • réchauffez vos aliments dans des récipients en verre plutôt qu’en plastique ;
  • côté récipients, privilégiez l’inox, le bois et le métal aux différents plastiques ;
  • préparez vos repas dans des contenants en fonte ou en céramique sans revêtement anti-adhésif.

Infographie « Quelques perturbateurs endocriniens dans mon salon ».

Un adulte lit assis sur un canapé pendant qu’une petite fille s’avance veres lui avec un livre à la main. Différentes choses sont représentées dans 3 catégories.

  1. Garanties sans perturbateurs endocriniens :
    • coton (rideaux de fenêtre),
    • laine (tapis de sol),
    • bloc prises avec interrupteur,
    • bois PEFC (bureau) ;
  2. présence potentielle de perturbateurs endocriniens :
    • tissu ignifugé (canapé),
    • ordinateur,
    • télévision ;
  3. présence de perturbateurs endocriniens :
    • diffuseur de parfum d’ambiance,
    • bois aggloméré (console),
    • PVC (sol).

Nos conseils :

  • dépoussiérez régulièrement les meubles et aérez suffisament la pièce à vivre ;
  • privilégiez les meubles en matières naturelles comme le bois labellisé PEFC ;
  • pensez à éteindre les appareils électroniques la nuit ;
  • évitez les sols en PVC.

Infographie « Quelques perturbateurs endocriniens dans mon salon ».

Une femme debout sur le tapis de sa salle de bains. Différentes choses sont représentées dans 3 catégories.

  1. Garanties sans perturbateurs endocriniens :
    • ventilation mécanique contrôlée (VMC),
    • produits naturels (savon),
    • lessive éco-labellisée ;
  2. présence potentielle de perturbateurs endocriniens : rien n’est représenté dans cette catégorie ;
  3. présence de perturbateurs endocriniens :
    • bombe désodorisante,
    • plastique souple (rideau de douche),
    • produits d’hygiène chimiques (bouteilles de nettoyants),
    • produits cosmétiques industriels (crèmes).

Nos conseils :

  • privilégiez les produits bio garantissant l’absence de perturbateurs endocriniens. Pour cela vous pouvez consulter la liste officielle des ingrédients cosmétiques INCI ;
  • préférez les produits avec des composants naturels comma la pierre d’alun ou les huiles essentielles aux composants chimiques. Évitez les produits étiquetés « sans paraben » qui sont susceptibles d’être remplacés par des conservateurs chimiques tels que le phénoxy-éthanol ;
  • concernant les produits d’entretien, privilégiez le bio ou les produits d’origine naturelle comme le savon de Marseille ;
  • privilégiez le plastique rigide au service souple ;
  • aérez votre espace le plus souvent possible et allumez régulièrement votre VMC.

Dans la chambre des enfants

Infographie « Quelques perturbateurs endocriniens dans la chambre des enfants ».

Une femme enceinte à côté d’une petite fille assise jouant aux cubes. Différentes choses sont représentées dans 3 catégories.

  1. Garanties sans perturbateurs endocriniens :
    • bois massif non traité (bibliothèque) ;
  2. présence potentielle de perturbateurs endocriniens :
    • vêtements neufs (robe de l’adulte),
    • tissu ignifugé (linge de lit) ;
  3. présence de perturbateurs endocriniens :
    • jeux en plastique souple,
    • bois aggloméré (table de chevet),
    • moquette.

Nos conseils :

  • évitez les jouets en plastique pouvant contenir des phtalates et privilégiez les jouets fabriqués au sein de la Communauté européenne. Dans l’idéal, aérez le jouer hors de son emballage après achat ou lavez les jouets avant usage ;
  • pour vos sols, privilégiez des matériaux plus sains que la moquette, comme le carrelage ou le vrai lino (pas de PVC) ;
  • côté vêtements, privilégiez les fibres naturelles au fibres synthétiques. Lavez les habits neufs avec, de préférence, de la laissive bio avant de les porter ;
  • privilégiez les meubles en bois massif à ceux en bois aggloméré ou en contre-plaqué ;
  • dépoussiérez et aérez les pièces régulièrement au minimum 10 à 20 minutes par jour. Allumez et entretenez régulièrement votre VMC.

L’exposition des enfants à la loupe

Depuis leur naissance en France en 2011, plus de 18 000 enfants, intégrés au programme Elfe (Étude longitudinale française depuis l’enfance) sont suivis par 150 chercheuses et chercheurs dans différentes dimensions de leur vie sous l’angle des sciences sociales, de la santé et de l’environnement, notamment concernant la question de l’exposition aux polluants.

Vous pouvez consulter en ligne les résultats de cette étude longitudinale depuis l’enfance.

Infographie « Quelques perturbateurs endocriniens dans le jardin ».

Une adulte s’affaire près d’un barbecue, sous le regard d’un chien et à côté d’une cabane perchée dans un arbre. Différentes choses sont représentées dans 3 catégories.

  1. Garanties sans perturbateurs endocriniens :
    • désherbage mécanique (rateau, pelle),
    • jeux en bois éco-labellisés (cabanne),
    • décoction naturelle (arrosoir) ;
  2. présence potentielle de perturbateurs endocriniens :
    • barbecue,
    • mobilier en plastique  (tabouret);
  3. présence de perturbateurs endocriniens :
    • répulsifs chimiques (colier du chien),
    • pesticides, fongicides, insecticides (réservoir avec diffuseur).

Nos conseils :

  • privilégiez le désherbage mécanique au désherbage chimique tels que les pesticides, interdits depuis 2019 chez les particuliers ;
  • préférez le mobilier en bois massif éco-labellisé au mobilier en plastique ;
  • limitez la cuisson du barbecue qui dégage des hydrocarbures aromatiques polycycliques.

Infographie « Quelques perturbateurs endocriniens dans le garage ».

Une adulte répare un vélo dans son garage. Différentes choses sont représentées dans 3 catégories.

  1. Garanties sans perturbateurs endocriniens :
    • produits pulsifs labellisés (bouteilles étiquettées NF),
    • pièges et voiles de protection (moustiquaire) ;
  2. présence potentielle de perturbateurs endocriniens : rien n’est représenté dans cette catégorie ;
  3. présence de perturbateurs endocriniens :
    • peintures, colles, vernis, etc. sans écolabel,
    • répulsifs chimiques (jerrican).

Nos conseils :

  • aérez votre espace régulièrement entre 10 à 20 minutes par jour. Surveillez régulièrement votre stockage de produits pour éviter la contamination de votre intérieur ;
  • ouvrez régulièrement vos placards pour éviter la concentration de produits volatiles ;
  • privilégiez des produits et répulsifs écolabellisés ou naturels.

Une question à : Marie-Agnès Feret et Hélène Menou

Respectivement adjointe au maire en charge de la santé et adjointe au maire en charge de la nature en ville, de l’agriculture urbaine et de l’alimentation.

Pourquoi la Ville s’intéresse-t-elle aux perturbateurs endocriniens ?

Si nous nous emparons du sujet, c’est qu’il y a un véritable enjeu de santé publique derrière. Les gens ignorent combien notre quotidien est imprégné de ces perturbateurs endocriniens dont les effets ne sont connus que longtemps après et peuvent se transmettre à nos enfants. Ce serait criminel de notre part de ne pas alerter nos concitoyens sur les dangers qui les entourent et de ne pas les sensibiliser aux bonnes pratiques afin qu’ils puissent s’en prémunir, mais aussi de ne pas faire tout notre possible, à notre niveau, pour les protéger.

En savoir plus

Article par Anne-Sophie Perraudin.