Blois mise sur l’agriculture urbaine

Depuis 15 ans, la Ville et Agglopolys développent l'agriculture urbaine, le bio et les circuits courts. La Vacquerie, année après année, connaît une transformation spectaculaire pour répondre à ces enjeux et faire la part belle à l’agriculture biologique, avec de multiples initiatives. Reportage.

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Aujourd’hui, la Vacquerie accueille différentes activités : producteurs bio, jardins partagés, association Intelligence verte, etc.

  • Développer l’agriculture urbaine en grande proximité du centre-ville ;
  • utiliser un espace non constructible (car situé en zone inondable) pour accueillir des producteurs et productrices bio et s’assurer d’une production de qualité et en circuit court ;
  • offrir aux habitantes, habitants et associations la possibilité de faire leurs propres cultures ;
  • développer des projets d’éducation agricole locale ;
  • etc.

…la liste est longue et l’ensemble répond à la vocation de la Vacquerie, que l’on peut décrire comme une coupure verte en milieu urbanisé, facteur de préservation du paysage et de la biodiversité — avec un aménagement pensé comme un espace ouvert, favorisant la mixité des usages et le développement des liaisons intraquartier.

Entre Loire et Cosson

Site de 13,42 hectares au sud de Blois, la Vacquerie est incluse dans un espace de 350 hectares, la Bouillie, situé sur les communes de Blois, Vineuil et Saint-Gervais-la-Forêt, et dont la transformation a été décidée pour répondre à la nécessité de libérer le site du déversoir en anticipation des crues.

L’aménagement de la Bouillie est assuré par Agglopolys. Au fil des années, nous avons acquis puis démoli la plupart des maisons implantées sur le site, avec l’idée de le transformer en un grand parc agricole naturel et urbain, accueillant à terme des surfaces paysagères, agricoles, naturelles, de loisirs et de promenades (voir le périmètre page suivante), explique Christophe Degruelle, président d’Agglopolys. Le projet concernant plus précisément la Vacquerie a été initié en 2012 par la communauté d'agglomération sur un foncier mis à disposition par la Ville de Blois.

Parmi les priorités pour ce site, le développement de l’agriculture biologique et des circuits courts figure au premier rang. Il s’agit de créer un cercle vertueux sur le territoire (les initiatives avec la nouvelle restauration scolaire devraient y contribuer).

Il s’agit également de protéger la population voisine des expositions aux produits chimiques. Les baux signés avec les producteurs sont dits « environnementaux », c’est-à-dire qu’ils contiennent des clauses précises en matière de culture bio et de respect de l’environnement.

Cultiver en bio, c'est protéger la santé des habitantes, des habitants, des consommatrices et des consommateurs (la Ligue nationale contre le cancer recommande de favoriser la consommation des aliments biologiques). C’est également protéger la qualité des eaux des nappes et de la Loire, ainsi que la biodiversité. Une étude publiée en mai dernier révèle que l'utilisation d'engrais et de pesticides est la première cause de la chute vertigineuse du nombre d'oiseaux sur le continent. En un peu moins de 40 ans, leur population a diminué de 60 % pour les espèces des milieux agricoles, précise Hélène Menou, adjointe à l’agriculture urbaine et à l’alimentation.

Des activités diverses et complémentaires

Aujourd’hui, la Vacquerie accueille différentes activités :

  • producteurs bio (cf. carte plus bas) ;
  • jardins partagés,
  • jardin collectif des 41 patates (cf. encadré plus bas) ;
  • projet mis en œuvre entre l’association Intelligence verte et la classe de Segpa du collège Blois Vienne : celui-ci permet aux élèves et à leurs profs de travailler de nombreux apprentissages différemment : en jardinant !

Non loin du site de la Vacquerie, le lycée horticole cultive des espaces et propose une couveuse « Les prés d’Amont » qui permet à des porteuses et porteurs de projets de tester la faisabilité de leur activité avant de sauter le pas. C’est un site ouvert sur la ville, le quartier, accessible aux habitantes et habitants : n’hésitez pas à le traverser !

Comment se fournir en produits locaux et bio ?

Vente directe sur place, stand sur un marché, produits disponibles dans certains commerces, etc. chaque productrice ou producteur s’appuie sur des modes de distribution différents. Pour les connaître, rendez-vous sur le site « En direct de nos fermes ». Vous y trouverez une carte, avec toutes les informations sur les productrices et producteurs, leurs productions, leurs coordonnées et leurs points de vente.

Sans oublier :

Les productrices, producteurs et collectifs

  • Mascate Fujisaki ;
  • adresse : rue des Papillons – La Vacquerie ;
  • mél : leslegumesdemasato@gmail.com ;
  • Instagram et Facebook : leslégumesdemasato ;
  • produits de l’exploitation : légumes asiatiques et exotiques ;
  • lieux de vente : à Blois marchés bio (vendredi) et Louis-XII (samedi) de mi-avril à mi-décembre.
  • Première exploitation en maraîchage bio diversifié installée à la Vacquerie en mai 2013, créée par Anne-Sophie Castets ;
  • adresse : 7 rue de la Vacquerie ;
  • produits de l’exploitation : légumes bio de saison ;
  • lieux de vente : épiceries, Biocoop, groupement de productrices et producteurs.
  • Marie Wacquez ;
  • adresse : 68 rue des Mazes ;
  • tél. : 06 44 50 27 54 ;
  • mél : pepiniere.lapenseesauvage@gmail.com ;
  • Instagram et Facebook : @pepinierelapenseesauvage ;
  • produits de l’exploitation : horticulture ; plantes vivaces, aromatiques, ornementales, grimpantes, etc. ;
  • lieux de vente :
    • sur place,
    • Fêtes des plantes (dont le 18 mai à Blois),
    • boutique du Festival de Chaumont,
    • vente aux entreprises et collectivités.
  • Mélanie Bournez ;
  • adresse : chemin d’Espagne ;
  • mél : memedanslesorties41@gmail.com ;
  • Instagram et Facebook : Mémé dans les orties 41 ;
  • produits de l’exploitation : tisanes et préparations de plantes aromatiques et médicinales ;
  • lieux de vente :
    • marché Louis-XII le premier samedi du mois,
    • Biocoop de Saint-Gervais-la-Forêt,
    • magasin La ferme,
    • La Ruche qui dit oui,
    • etc.
  • Jean-Claude Papin ;
  • Adresse : 61 rue des Mazes ;
  • tél. : 02 54 74 14 56 ;
  • mél : jc.papin@orange.fr ;
  • Facebook : Horticulteur Papin et fils ;
  • produits de l’exploitation : plantes fleuries et à massifs, plants de légumes et compositions florales (culture raisonnée) ;
  • lieu de vente : sur place.
  • Ary Régent ;
  • adresse : 12 chemin des Touches ;
  • tél. : 07 45 10 68 53 ;
  • mél : ary.paysan.legumier@gmail.com ;
  • Instagram et Facebook : lesPaniersbiod’Ary ;
  • produits de l’exploitation : légumes (vente aux particuliers et en entreprise) ;
  • lieux de vente : livraison de paniers à Blois et communes limitrophes (entreprises et particuliers), vente directe à la ferme les mardis et vendredis après-midis, à l’Amap blésoise à Blois, restaurateurs et restaurants d’entreprises.
  • Association Bio-Solidaire ;
  • adresse : 112 rue de Bas-rivière ;
  • tél. : 02 54 74 88 31 ;
  • mél : cocagne@assobiosolidaire.fr ;
  • site web : www.association-biosolidaire.fr  ;
  • Instagram et Facebook : bloisJardindeCocagne / jdcblois ;
  • produits de l’exploitation : légumes, plantes aromatiques, plants bio pour les professionnels et les particuliers ;
  • lieux de vente : livraison de paniers, vente directe, à Blois marchés bio, Louis-XII et Provinces.
  • Adresse : 10 rue de la Vacquerie ;
  • jardin partagé en permaculture ouvert à toutes les personnes qui aiment jardiner et ont du temps libre. Pour rencontrer l’équipe, aller sur place les mercredis après-midis ou samedis après-midis.
  • Gaïa Douwes et Axel Sonesi ;
  • adresse : 10 rue de la Vacquerie et ferme
    de Sainte-Marthe à Millançay ;
  • mél : les41patates@outlook.fr ;
  • Facebook : Les 41 patates ;
  • Instagram : @les41patates ;
  • exploitation et distribution : création d’un jardin collaboratif et distribution des récoltes aux étudiantes, étudiants et associations solidaires.

Quels projets pour demain sur le site de la Vacquerie ?

Si un tiers de la surface du site n’est pas encore occupé, de nombreuses initiatives sont à l’étude :

  • la réalisation d’une promenade piétonne favorisera la balade dans le quartier maraîcher ;
  • une voie comestible, bordée d’arbres dont on pourra cueillir les fruits et découvrir des variétés insolites ;
  • une nouvelle installation de culture d’endives et petits légumes est en gestation ;
  • la mare va être sécurisée et le devenir du verger situé au cœur du site va être étudié.

Un projet alimentaire pour le territoire

En parallèle des initiatives de la Ville, d’Agglopolys et des productrices et producteurs installés, un projet alimentaire territorial (PAT) a été engagé à l’échelle du bassin de vie blésois (Pays des châteaux : Agglomération de Blois, Grand Chambord et Beauce Val de Loire). Ce projet original vise à favoriser le développement et la diversification de l’agriculture locale pour permettre aux habitantes et habitants de s’alimenter en produits de qualité, durables, en circuits courts.

La démarche s’appuie sur un Conseil local de l’alimentation, composé d’élu·es, de productrices et producteurs, d’établissements de formations, d’associations, etc. qui a proposé des actions à lancer et qui contribue à les mettre en œuvre.

Parmi les projets engagés figurent la valorisation des friches agricoles, la restauration scolaire (via l’approvisionnement en circuits courts et produits bio ou l’éducation au goût) ou encore l’alimentation solidaire (projet Parmentier, cf. encadré plus loin). Enfin, chaque printemps, le Défi alimentation propose aux habitantes et habitants, à travers des ateliers, de faire évoluer leurs habitudes alimentaires vers plus de produits sains et locaux, sans augmenter leur budget.

Un potager coopératif

Le potager a été initié par les étudiantes et étudiants du collectif des 41 patates qui ont ensuite été rejoints par Intelligence verte* (Philippe Desbrosses et Isabelle Poirette). L’objectif est de lancer un jardin étudiant « pilote » qui servirait d’exemple au niveau national pour les campus et sensibiliserait au produire et consommer local et à l'autonomie alimentaire.

Intelligence verte et leur partenaire Fabien Tournan (Régénération végétale) financent, accompagnent et forment les étudiantes et étudiants de Blois (soutenus par les 41 patates et Green'sa, association de l’Insa), la classe de Segpa du collège Blois–Vienne ainsi que l’association Afhia (association Fête des habitants d’ici et d’ailleurs), des mamans des quartiers Nord (accompagnées par la Maison de Bégon) à travers un jardin aromatique et médicinal. Un projet qui permet de créer du lien, de développer la mixité sociale avec également à proximité le jardin partagé des Métairies, entretenu par des habitantes et habitants.

*Intelligence Verte est une association qui œuvre à la sauvegarde de notre patrimoine génétique naturel, elle est installée à la ferme de Sainte-Marthe en Sologne. En savoir plus : www.intelligenceverte.org

De la musique à l'horticulture

Si Marie Wacquez est sur place depuis l’automne dernier, La pensée sauvage ouvrira ses portes au public début mai. Déjà présente dans des foires aux plantes ainsi qu’à la boutique du festival de Chaumont, Marie Wacquez produit des plantes vivaces, grimpantes, des graminées ou encore des arbustes. Clarinettiste de formation, Marie Wacquez est revenue dans sa région natale à 30 ans pour réaliser sa passion d’enfance. Après un BTS de production horticole, elle a pu tester son activité pendant deux ans dans la couveuse du lycée horticole. Elle organise un weekend portes ouvertes les 4 et 5 mai 2024 où seront présents les autres producteurs et productrices de la Vacquerie (voir coordonnées plus haut).

Beau et bon

Alors que les premières cueillettes commencent, Mélanie Bournez finit le transfert de ses cultures, auparavant installées à Monthou-sur-Bièvre. Récemment installée en Vienne, elle a rapproché son activité pour mieux articuler travail et vie personnelle. Mémé dans les orties, c’est la culture et la cueillette de plantes « sauvages » qui sont ensuite séchées et transformées en tisanes, en condiments. Une reconversion qui lui a permis de transformer un intérêt personnel en activité professionnelle. Avec la conviction que l’alimentation est la première clé de la santé et que les plantes permettent d’associer le gustatif et le médicinal (voir coordonnées plus haut).

Agir pour la justice alimentaire

Initié et accompagné dans le cadre du Projet alimentaire territorial, le projet Parmentier vise à permettre aux personnes en situation de précarité alimentaire de pouvoir accéder dignement à des produits alimentaires de qualité. Cette initiative associe des associations d’aide alimentaire (la Passerelle, la Banque alimentaire, etc.) et des productrices et producteurs locaux pour organiser une collaboration qui serve à la fois les productrices et producteurs, qui vendent leur production à son juste prix aux associations avec l’appui du CIAS et du Département, et les personnes en précarité qui peuvent ainsi s’alimenter mieux avec l'accès à quelques produits bio, locaux et de qualité.

C’est une initiative solidaire exemplaire en faveur des agriculteurs et des plus démunis. On assiste peut-être là aux prémices d’une sécurité sociale de l’alimentation, explique Nicolas Orgelet, élu en charge du projet alimentaire territorial.

En savoir plus : parmentier.circuitsolidaire@gmail.com

La parole à : Jérôme Boujot

Premier adjoint à la ville durable.

Que de chemin parcouru pour cet espace qui, il y a plus de 15 ans, était encore considéré comme une réserve pour de futures habitations… Depuis, le durcissement de la réglementation sur les zones inondables nous a conduit à imaginer et reconvertir ce lieu en espace urbain naturel et de voir la nature reprendre ses droits à deux pas du centre-ville. Aujourd’hui, la Vacquerie est devenue un espace embelli par l’activité des producteurs et productrices installés sur place et par celle des associations et bénévoles qui entretiennent les jardins partagés. Il y a une vraie richesse végétale et humaine à venir découvrir, apprécier. Mais le site doit vivre et les producteurs aussi : nous avons collectivement un rôle à jouer, en consommant leurs produits. Pour qu’ils puissent continuer à entretenir cet espace, à le faire vivre…

Article par Camille Jaunet.